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Clubhouse, le réseau courtois sans anonymat

Vous cherchez un réseau social civilisé sans haters anonymes ? Il existe. Clubhouse n’accueille (pour l’instant) que des gens polis qui disent même des choses intéressantes.

L’anonymat sur les réseaux sociaux serait, selon certains, à l’origine de tous les problèmes (bon, en fait, il n’y a pas d’anonymat mais juste du pseudonymat, c’est-à-dire l’usage de pseudonymes, et la justice peut toujours retrouver un contrevenant via son e-mail, son adresse IP, son abonnement Internet, etc.). En fait, l’anonymat/pseudonymat n’explique pas tout, car beaucoup de trolls s’expriment aussi à visage découvert, mais il faut bien avouer que c’est à l’origine de bien des dérives observées. Et bien, sur Clubhouse, le nouveau réseau social 100% vocal, il n’y a pas de pseudonymat.

Clubhouse est comme WhatsApp. Chacun apparaît sous son vrai nom et il faut impérativement indiquer son numéro de téléphone pour s’inscrire. A l’installation, l’application aspire d’ailleurs goulument votre carnet d’adresses pour faciliter les mises en relation (ce qui n’est pas sans poser des questions quant à la vie privée, car que deviennent ces données ?). Même si c’est juste pour écouter ce qui se dit dans une room sans prendre part à la conversation, pas question de rester invisible car tout le monde voit que vous êtes là et peut cliquer sur votre profil pour savoir qui vous êtes. Cette obligation de transparence contribue, il faut bien l’avouer, à limiter les comportements déviants.

Une ambiance de club

Mais telle n’est pas la seule explication à la relative bienséance sur Clubhouse. Pour accéder au réseau social, il faut aussi impérativement être invité par un membre déjà inscrit. Ensuite, le nom de ce « parrain » apparaît définitivement dans votre profil. Du coup, si vous vous comportez mal, c’est aussi à lui que l’on risque de demander des comptes et il pourrait alors regretter sérieusement de vous avoir invité (les règles de la communauté sont détaillées ici).

Cela dit, Clubhouse est aussi un réseau sélectif puisqu’il est pour l’instant réservé aux utilisateurs d’iPhone. Les possesseurs de smartphones Android se retrouvent un peu comme ces vacanciers jaloux devant un club privé qui n’accueille que les happy fews ayant payé leur cotisation. Ça énerve et on les comprend. On a hâte que la plateforme s’ouvre à tout le monde. En attendant, cette restriction limite mécaniquement les risques de débordements.

Autre élément : les utilisateurs actuels se recrutent principalement dans les sphères des startup et de la communication, conférant à la communauté une sorte d’entre-soi qui renforce le caractère confidentiel de l’application.

Le pouvoir de la voix

Ce n’est pas tout. N’oublions pas que la voix est un mode de communication intime qui dévoile beaucoup de soi, ne serait-ce que par le ton et le vocabulaire employé. Cette mise à nue incite sans doute également à la cordialité. Se parler oralement, comme dans une conversation téléphonique entre amis, contribue à créer un climat de proximité et de confiance. En plus, Clubhouse est un média de temps long. Les rooms peuvent durer plusieurs heures et les prises de paroles sont souvent longues. C’est un anti-Twitter, qui demeure le média de l’instant et de la punchline.

Enfin, le mécanisme de régulation de Clubhouse, qui confère au(x) modérateur(s) d’une room le droit de vie ou de mort sur la prise de parole des uns et des autres, est encore un élément de tranquillité des débats.

Bref, le Clubhouse d’avril 2021 rappelle un peu les débuts de Twitter, et encore plus l’ambiance des radios libres des années 80. C’est un espace de libre parole dans un climat de respect et d’échange. Pas sûr que cela dure aussi longtemps qu’une pandémie…

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